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Nicolas Bazoge et le projet Spectral Ink

Par Isabelle Nivet. Juillet 2024

Sorties de secours Nicolas Bazoge

La dernière fois qu’on s’était vus avec Nicolas. La dernière fois, c’était pendant cette période pourrie du confinement. Un filage de son spectacle « Vis Insita ». Je sais pas vous mais moi tout ce que j’ai fait pendant cette période a pris une teinte grise comme si quelqu’un était venu jeter des cendres sur ce que je voyais.

Alors c’était chouette de retrouver Nicolas Bazoge il y a quelques semaines, avec le teint frais et rose et plein de projets. Je vous refais un petit tour de manège à l’envers, Nicolas Bazoge a longtemps travaillé la lumière au CDDB de Lorient avec Eric Vigner. Il est musicien aussi. Et depuis quelques années, après un Master Art & technologie numérique il travaille des spectacles avec des trucs technos comme le motion capture, les caméras à infrarouge, les capteurs de mouvement.

 

« Dans Vis Insita je générais du son et de la lumière à partir des mouvements des objets que je manipulais. C’était un projet ambitieux, qui était lourd à tourner. J’en ai tiré des enseignements pour partir sur quelque chose de nouveau, plus simple techniquement, pour être davantage dans la création et l’écriture ».

 

Ainsi voilà SPECTRAL _INK (Nicolas a bien insisté pour que je respecte la graphie, avec l’underscore) un « spectacle » esthétique et contemplatif, où 24 panneaux lumineux créent une chorégraphie de lumière dans l’espace scénique :

« C’est un système modulable que je voulais réutilisable. Je suis parti d’une scénographie que j’avais conçue pour Christophe Rocher et « Brain songs #2 ». Avec Nautilis, les panneaux lumineux étaient commandés par ordinateur, et là, c’est commandé par le corps, avec des contrôleurs gestuels : une bague connectée et une caméra 3D qui capte les mouvements cinétiques de la main, les rotations…  Les panneaux font 30 cm de large par 1 mètre de haut ; en tout ça fait 10 m de long. Il y a des leds derrière chaque panneau ».

En plexiglass translucide, les panneaux émettent une lumière diffuse qui va et vient selon des schémas, produisant des vagues, des pointillés, pour un résultat assez hypnotique, de l’ordre du sentiment océanique :

« Je me suis mis à essayer plein de choses en musique et en scéno, et un thème est apparu. Quelque chose d’abstrait mais avec une forme de vague. Je suis originaire du centre de la France, et quand j’ai décidé de m’implanter quelque part, ça a été la Bretagne. J’avais une fascination pour l’océan. C’est un élément un peu effrayant, menacant, et de plus en plus. Je me suis inspiré de mes souvenirs pour créer quelque chose de sombre et contemplatif, un océan fantasmé, avec une trame qui évoque ces différents états ».

Le son, lui, se situe « entre la musique et l’art sonore, inspiré de la drone musique, bruitiste : de longues notes évolutives, des nappes, avec une idée de bourdon.

A ce stade du travail, Nicolas n’est encore qu’un « chef d’orchestre » derrière un pupitre, mais fin août, il va se mettre entre les mains de Thierry Thieû Niang – ce formidable chorégraphe dont vous avez peut-être vu le « Sacre du printemps » à Lorient – pour construire une partition de mouvements.

On vous invite à regarder le teaser sur le site de Nicolas

https://www.nolaskey.com/spectral-ink

 

SPECTRAL _INK sera proposé en version « Installation », comme une exposition sonore et lumineuse, en boucle de 20 minutes et version « performance » avec Nicolas en scène. La première aura lieu au festival « Maintenant » (Musique et arts numériques, formes hybrides…) à Rennes, les 10 et 11 octobre, puis à L’Estran de Guidel le 26 octobre.

 

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