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RECONVERSION AGRICOLE

La reconversion agricole : entre rêve et réalité

Ah, le retour à la terre… L’humus, l’herbe fraîche et les jolis moutons blancs. Entre les fantasmes de la permaculture néo-paysanne et la réalité des matins glacés au milieu du champ de poireaux, il y a plus d’un aller-retour en moissonneuse-batteuse.

Se reconvertir paysan après avoir été salarié n’est pas si évident. Entre 2019 et 2023, la chambre d’agriculture de Bretagne a recensé de 35 à 45% de profils « non agricole » dans les installations. Loin de l’effervescence des bureaux, le quotidien de la ferme s’avère plutôt solitaire.

« Vos amis vous appellent pour sortir le soir, mais vous, vous êtes crevé de votre journée et vous savez que demain, vous vous levez tôt pour aller au marché. Il y a donc un isolement que beaucoup n’avaient pas mesuré », observe Caroline Dénéchau.

Cette conseillère à la chambre d’agriculture du Morbihan s’efforce donc de faire prendre conscience des risques aux candidats à l’installation. Car beaucoup jettent l’éponge après quelques années. C’est le cas de Julien Berry. Ancien développeur informatique, il est devenu maraîcher bio à 34 ans, après avoir suivi le brevet professionnel responsable d’entreprise agricole (BPREA) sur neuf mois.

« J’ai eu envie de suivre la formation pour avoir les bons tuyaux pour mon potager. Et puis j’ai fait mon stage chez les maraîchers à qui nous achetions nos légumes. Ça a matché, et ils m’ont proposé de m’associer avec eux. »

L’expérience a duré une dizaine d’années. « Cela reste une belle histoire », souligne-t-il. Une envie de voyages en famille, des problèmes dos et quelques engelures l’hiver l’ont incité à revendre ses parts. Valérie Hercouët, elle, s’est accrochée. Cette ex-technicienne de laboratoire s’est lancée dans le maraîchage en 2010, à 38 ans.

« La formation était suffisante en théorie, en pratique un peu moins. Il me manquait la pratique », me confie-t-elle.

Elle a dû compléter par deux stages supplémentaires. Elle exploite aujourd’hui huit hectares à Languidic avec son mari, qui l’a rejointe en 2018. Leur activité, initialement centrée sur la pépinière, s’est diversifiée vers le maraîchage. Ils emploient désormais un salarié et une saisonnière, vendent en direct, et exploitent des gîtes en été. « On commence à être à l’équilibre, et on peut partir en vacances en juillet ! »

 

Pascal Jacquelin, lui s’est lancé sur le tard, à 55 ans. Après avoir été cadre et entrepreneur, ce passionné d’arbres et d’abeilles a rejoint la ferme du Resto, à Ploemeur, en 2021.

« C’est une reconversion choisie. Cela fait plus de 40 ans que je suis passionné de nature. J’avais envie, pour mon dernier projet, de passer mon temps dehors. »

Il a donc créé un « verger maraîcher », où les cultures pérennes poussent entre les arbres. L’après-midi, il s’occupe d’une cinquantaine de ruches. Le plus difficile ? Le grand bain du collectif, sans rodage ni préparation. Des hauts, des bas, et puis enfin, aujourd’hui, l’épanouissement.

 

Raphaël Baldos. Septembre 2024

La rubrique « En transition » est entre les mains de  Raphaël Baldos, journaliste membre de l’ONG d’enquêtes journalistiques en Bretagne splann!

Un choix fait conjointement avec la Biocoop Les 7 épis, qui parraine la rubrique, dans l’intention d’aller voir un peu plus loin.

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