Damien Rouxel. Entre nous
Par Isabelle Nivet. Mai 2022
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Entre Nous. Damien Rouxel
Bon, là, voilà un évènement qui nous va bien. Damien Rouxel, ça vous dit quelque chose ? Ben oui, forcément, on a déjà écrit sur lui, ce gars-là nous parle. Juste barré comme il faut, un propos artistique qui tient la route, avec une étrangeté, mais surtout une économie de moyens et d’effets assez merveilleuse.
Ne nous égarons pas. On a envie de vous parler de deux choses, pour que vous alliez voir son travail. D’abord sa série de photos « Portraits de famille » autour du monde agricole, commencée en 2013 lorsqu’il était aux Beaux-arts de Quimper, et qui perdure toujours. Le principe, des portraits de sa famille et de lui-même, dans la ferme familiale, une mise en scène minimaliste et un accessoire décalé. C’est tendre, c’est personnel, c’est esthétique, c’est conceptuel, ce quotidien twisté par une posture liée à l’histoire de l’art, un objet inadéquat ou au contraire signifiant : une couronne de princesse, une étiquette de vache, une fourche, des cache-têtons en strass.
« C’est une longue série faite de plusieurs petites séries. Mes relations humaines évoluent, le travail aussi. Ce sont des photos de l’instant. Je me cale sur le travail de ma famille, c’est comme une récréation, un instant de jeu. J’ai un goût pour la mise en scène, j’aime ajouter des éléments de transformation, des paillettes… J’arrive avec une règle du jeu – j’ai toujours joué comme ça, quand j’étais petit. Je donne une règle pour la posture, l’action… Ces règles sont un prétexte à la rencontre. C’est toujours quelqu’un de la famille qui prend la photo de cette rencontre. L’art, maintenant, c’est ce qui nous lie, et qui fait perdurer cette ferme ailleurs. Au début de mes études, j’étais beaucoup sur l’iconographie de la photo de famille, et puis mon passage en histoire de l’art a changé mon regard, notamment avec les images bibliques, les grands récits. J’utilise des codes de l’histoire de l’art »
La deuxième chose qui nous enthousiasme beaucoup, c’est une vidéo sublime, réalisée lors d’une résidence de six mois à Saumur en 2021, autour du cheval : « J’avais l’idée de raconter l’histoire d’un homme qui se transforme en créature équine. Je n’ai aucune connaissance de ce milieu, et j’ai réfléchi à ce que je connais : le jeu de petits chevaux, le cheval dans la cour, le petit carrousel de chez ma grand-mère, ses bibelots en céramique, les puzzles, les chevaux dans l’histoire de l’art, l’iconographie populaire. J’ai fait des croisements avec ce que j’ai vu à Saumur, avec des photos, des installations, des sculptures et une vidéo, qui traduit tout ça, autour du dressage et du parallèle avec la danse. Il n’y a aucune photo des chevaux dans le film : on me voit moi, dans les espaces du cheval, les boxes, les manèges, comme une journée type de l’animal, entrecoupée d’image de rêveries ». Dans ce film formidable, Rouxel incarne sans vraiment danser (la danse est présente dans son travail depuis plusieurs années, sous forme performative, mais aussi en tant que nourriture) sans jamais mimer, sans autres accessoires que guêtres et cheveux, qu’il porte longs et deviennent crinière : « Je reprends des mouvements et des qualités équines. Je deviens quelqu’un qui se prend pour un cheval, ou un cheval qui se prend pour un autre cheval. C’est quelque chose d’interne »
A l’Atelier Marcelin, l’idée qui prévaut pour cet évènement, c’est le « tout sauf une expo ». Cet espace de l’atelier, qui est tout autant domestique que public, intime qu’extime, Damien Rouxel en a fait sa maison le temps de la résidence, et en fait sa maison pour le temps de l’évènement « Ce sera ma maison, avec des photos de famille, mais aussi l’occasion de retraverser tout ce que j’ai fait et qui va se retrouver dans les différents espaces : dans l’entrée et le couloir, sur des porte-manteaux, des vêtements et des accessoires qui apparaissent dans certaines photos, des bleus de travail transformés ; dans l’espace atelier, ce sera le monde de la ferme, et dans l’espace de vie, des photos et des bibelots en céramique.»
L’atelier Marcelin c’est quoi ?
L’espace de vie et de travail de deux artistes, Elen Cornec et Sylvain Le Corre. Un « atelier-maison » qui se visite entièrement, excepté chambre et salle de bains, lorsqu’il est transformé en espace d’exposition d’art contemporain. Les premières invitations ont été faites aux jeunes diplômés des Beaux-arts, dans l’objectif de faire vivre le territoire et d’accompagner la professionnalisation et le rayonnement de la jeune création en dehors de la Bretagne, avec une ligne forte dans l’art contemporain : « Nous allons chaque année en repérage à l’exposition des diplômés de l’EESAB, et nous choisissons deux artistes auxquels nous proposons des résidences, des installations ou le commissariat d’une exposition. Avec Damien Rouxel, artiste confirmé, présent dans les fonds des FRAC, nous allons cette fois plus loin »
Damien Rouxel. Fils d’agriculteur
EESAB de Quimper 2015
Histoire de l’art à Quimper 2019
Exposition au MacVal 2019
Exposition Galerie Jeune création, Romainville 2020
Exposition à Transpalette à Bourges sous le commissariat de Julie Crenn,
Acquisition par le FRAC Poitou
Émission Atelier A sur Arte…
En partenariat avec le Théâtre de Lorient: 2013 : Transmission, Scott Turner Schofield, au CDDB de Lorient. 2017 : «Je m’appelle, je suis», pour le festival Eldorado, Théâtre de Lorient. 2017 : GALA, Jérôme Bel au Théâtre de Lorient
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