Anima (ex) musica
Par Isabelle Nivet. Octobre 2018
L'exposition « Anima (ex) Musica. Bestiaire utopique » du collectif « Tout reste à faire » compose un orchestre animal plein de charme, à mi-chemin entre le cabinet de curiosités et le laboratoire d'un savant fou. On s'y amuse et on s'émerveille de tant d'ingéniosité et de poésie, dans un cheminement ludique où le visiteur s’arrête et repart, s’éloigne et se rapproche pour déclencher les capteurs qui animent ces insectes géants vêtus de noir, scarabée, sauterelle, ou doryphore.
Accrochées, suspendues, posées sur des bancs ou des tables : la composition de ces petites bêtes XL est une prouesse poétique. En effet, si il est vite compris que ce sont des instruments de musique qui figurent les différentes parties de leurs corps, il apparaît ensuite qu’elles n’ont pas perdu leur essence ni leur âme au vestiaire, et que les créatures hybrides obtenues sont encore capables d’émettre des sons. Une partition presque bruitiste qui peut aller jusqu’à composer une forme de symphonie lorsque suffisamment de présences humaines les activent tous ensemble... Car la fabrication a été voulue respectueuse de ces instruments d’origine hors d’usage, certes, mais encore capables de s’exprimer. Démontés et remontés avec précision, leurs articulations rendent à la fois possible le son, et plausible le mouvement, celui d’une patte qui s’agite ou d’élytres qui se déploient... Ainsi, dans une lenteur d’automate ancien, ces étranges machines vibrent-elles, ondulent-elles, respirent-elles, jouant à la fois une partition corporelle animale imaginaire, associée à une composition musicale propre à chacune... L’instrument épouse l’identité de l’insecte, à moins que ce ne soit le contraire...
L’idée est belle, et respectueuse des instruments qui ont servi à la fabrication « Il est hors de question de découper un pavillon de trompette en centaine de petites pièces de laiton pour réaliser des écailles. L’instrument doit rester visible et garder son identité : je suis une clarinette, je suis un clavier de piano, je suis un métronome... ». Œuvre globale, l’exposition est agrémentée de planches d’entomologie et chaque créature est accompagnée de sa caisse de transport, qui sert de cartel géant. Les « fiches techniques » sont en effet imprimées avec soin sur les boîtes, dans un design graphique impeccable, on comprend pourquoi en découvrant l’identité des concepteurs...
C’est le collectif rennais Tout reste à faire qui signe ce magnifique projet, que ne renierait pas le groupe Ez3kiel, dans sa fantaisie mécanique : Mathieu Desailly est plasticien et graphiste, fondateur du Jardin Graphique, qui signait pour nous les cartouches du numéro de décembre 2017 ; Vincent Gadras est scénographe pour le théâtre et la danse (Jean-François Sivadier, Stanislas Nordey, Jérôme Deschamps, Chloé Moglia...) ; David Chamin est compositeur, et on a notamment repéré son projet de suite orchestrale issue des musiques de film de Bernard Hermann (compositeur entre autres des BO d’Hitchcock) pour l’orchestre WDR de Cologne, Katia Labèque et son groupe rock au sein duquel il est le guitariste.
Le projet comporte par ailleurs une dimension humaine non négligeable, puisqu’il se base sur des collectes faites lors des résidences du collectif. Ainsi la collection s’enrichit-elle d’œuvres liées à l’histoire et la culture de chaque région ou chaque pays traversé, qui détermine une esthétique propre à chaque insecte, mais aussi une composition musicale spécifique. Vannes aura notamment apporté sa pierre à l’édifice, avec des instruments traditionnels bretons, bombardes et binious, et on attend avec impatience de voir le résultat des prochaines étapes du voyage, Belgique, Maroc, Italie, Japon, Mali, Brésil et Québec, pour découvrir en quelles bestioles balafons, koras ou darbuqqas se seront tranformés...
L'exposition « Anima (ex) Musica. Bestiaire utopique » du collectif « Tout reste à faire » compose un orchestre animal plein de charme, à mi-chemin entre le cabinet de curiosités et le laboratoire d'un savant fou. On s'y amuse et on s'émerveille de tant d'ingéniosité et de poésie, dans un cheminement ludique où le visiteur s’arrête et repart, s’éloigne et se rapproche pour déclencher les capteurs qui animent ces insectes géants vêtus de noir, scarabée, sauterelle, ou doryphore.
Accrochées, suspendues, posées sur des bancs ou des tables : la composition de ces petites bêtes XL est une prouesse poétique. En effet, si il est vite compris que ce sont des instruments de musique qui figurent les différentes parties de leurs corps, il apparaît ensuite qu’elles n’ont pas perdu leur essence ni leur âme au vestiaire, et que les créatures hybrides obtenues sont encore capables d’émettre des sons. Une partition presque bruitiste qui peut aller jusqu’à composer une forme de symphonie lorsque suffisamment de présences humaines les activent tous ensemble... Car la fabrication a été voulue respectueuse de ces instruments d’origine hors d’usage, certes, mais encore capables de s’exprimer. Démontés et remontés avec précision, leurs articulations rendent à la fois possible le son, et plausible le mouvement, celui d’une patte qui s’agite ou d’élytres qui se déploient... Ainsi, dans une lenteur d’automate ancien, ces étranges machines vibrent-elles, ondulent-elles, respirent-elles, jouant à la fois une partition corporelle animale imaginaire, associée à une composition musicale propre à chacune... L’instrument épouse l’identité de l’insecte, à moins que ce ne soit le contraire...
L’idée est belle, et respectueuse des instruments qui ont servi à la fabrication « Il est hors de question de découper un pavillon de trompette en centaine de petites pièces de laiton pour réaliser des écailles. L’instrument doit rester visible et garder son identité : je suis une clarinette, je suis un clavier de piano, je suis un métronome... ». Œuvre globale, l’exposition est agrémentée de planches d’entomologie et chaque créature est accompagnée de sa caisse de transport, qui sert de cartel géant. Les « fiches techniques » sont en effet imprimées avec soin sur les boîtes, dans un design graphique impeccable, on comprend pourquoi en découvrant l’identité des concepteurs...
Graphisme, scénographie et musique
C’est le collectif rennais Tout reste à faire qui signe ce magnifique projet, que ne renierait pas le groupe Ez3kiel, dans sa fantaisie mécanique : Mathieu Desailly est plasticien et graphiste, fondateur du Jardin Graphique, qui signait pour nous les cartouches du numéro de décembre 2017 ; Vincent Gadras est scénographe pour le théâtre et la danse (Jean-François Sivadier, Stanislas Nordey, Jérôme Deschamps, Chloé Moglia...) ; David Chamin est compositeur, et on a notamment repéré son projet de suite orchestrale issue des musiques de film de Bernard Hermann (compositeur entre autres des BO d’Hitchcock) pour l’orchestre WDR de Cologne, Katia Labèque et son groupe rock au sein duquel il est le guitariste.
Un projet itinérant
Le projet comporte par ailleurs une dimension humaine non négligeable, puisqu’il se base sur des collectes faites lors des résidences du collectif. Ainsi la collection s’enrichit-elle d’œuvres liées à l’histoire et la culture de chaque région ou chaque pays traversé, qui détermine une esthétique propre à chaque insecte, mais aussi une composition musicale spécifique. Vannes aura notamment apporté sa pierre à l’édifice, avec des instruments traditionnels bretons, bombardes et binious, et on attend avec impatience de voir le résultat des prochaines étapes du voyage, Belgique, Maroc, Italie, Japon, Mali, Brésil et Québec, pour découvrir en quelles bestioles balafons, koras ou darbuqqas se seront tranformés...