Muntean & Rosenblum et Michel Cloup. Rock & Painting #8
"Rock & Painting, c’est une série née sur Facebook en octobre 2019 dans laquelle j’associe chaque jour une toile et un morceau de rock. Dans laquelle j’associe mon amour de la peinture et du rock". Catherine Pouplain
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Aujourd’hui, j’ai choisi une toile qui évoque les souvenirs, les souvenirs de notre jeunesse, du passé, d’avant ou juste les souvenirs d’hier et de ce qu’on en fera demain. Que va-t-on faire des souvenirs du confinement par exemple ? Pour ça, j’ai choisi une toile qui représente trois jeunes, environ 18 ans. Une peinture assez réaliste. Ils ont l’air de poser comme ils poseraient pour une photo en regardant l’objectif, un peu figés dans leurs attitudes. Deux garçons, une fille. Eux assis sur un canapé, un des deux torse nu, avec une guitare électrique entre les mains. La fille, debout, en pantalon avec de petites sandales à talon, très féminine. On ne sait pas quelles sont leurs relations. Sous la toile, une phrase en anglais, un aphorisme, peut-être le titre, pas sûr : « Il y a des circonstances où on capture un souvenir de son travail juste en scannant les détails et en les mettant de côté pour le futur ». Cette phrase est en fait extraite d’un roman de l’Irlandais John Banville, Eclipse, l’histoire d’un vieux comédien qui n’arrive plus à jouer et qui retourne dans la maison de son enfance avec ses souvenirs et ses fantômes. Les peintres ont peut-être voulu imaginer que ce vieux comédien est un des deux jeunes hommes.
Oui, les peintres, parce qu’ils sont deux. Un homme, Markus Muntean et une femme, Adi Rosenblum. Il est autrichien, elle est israélienne, tous les deux nés en 62 et ils travaillent ensemble depuis les années 90. Quand j’ai découvert leurs toiles, très récemment, j’ai adoré ces mises en scène étranges de gens souvent jeunes, jeunes adultes dans des univers ultra contemporains, des ambiances urbaines et désabusées, un peu sorties de magazines, avec des skates, des planches de surf et des téléphones portables. On y croise des groupes de copains, amis, amants, qui ont l’air crucifiés dans l’ennui, affalés, échoués même, dans des attitudes un peu théâtrales, pas très naturelles et qui rappellent fortement une iconographie très classique. Leur style est de toute façon complètement classique dans la forme, presque scolaire. Leurs scènes dans les forêts ou autour de feux semblent sorties tout droit des galeries Renaissance du Louvre. Pourtant, les personnages sont habillés comme tous les ados d’aujourd’hui, de grands ados qui peinent à atteindre l’âge adulte.
Pour accompagner musicalement cette toile, Alex a choisi le titre parfait, une fois de plus. Un titre de Michel Cloup qui parle de la jeunesse, la sienne, les leurs, puisqu’il dit « on ». Le titre, c’est « Aujourd’hui, maintenant » extrait de l’album du même nom sorti en 2001, la même année que la toile, avec son groupe d’alors, EXPerience. Michel Cloup, on l’a connu avec plusieurs groupes mais surtout avec Diabologum qui a marqué le rock français des années 90. Dernièrement, et avec Pascal Bouaziz de Mendelson et Bruit Noir, il a mis en musique et en scène le magnifique bouquin de Joseph Ponthus, A la ligne. Dans ce texte du jour, il écrit « Qu'est-ce qu'on est con à 20 ans / C'est clair / Mais quel plaisir on y prend ! / Tu te rappelles ? / Toujours à contredire / Nous deux contre la terre entière / Ce qui me rassure / On est capables d'en faire autant / Aujourd'hui, maintenant ».
En savoir + sur Muntean et Rosenblum
Chronique diffusée dans La Confidienne de Radio Balises le 13 avril 2020. https://radiobalises.com/
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