Swell + Th Da Freak
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SWELL - Sunshine Everyday Tour
En avril dernier nous apprenions avec grande tristesse la disparition de David Freel, chanteur et guitariste du groupe Swell. En nous depuis plusieurs décennies, et pour plusieurs décennies encore, ces compositions à l’humeur cabossée et à la beauté sidérante, ce songwriting à tiroir, ce chant désabusé et obsédant. Un compagnon de traversée. Ses camarades lui rendent hommage à travers une courte tournée européenne.
Quatre musiciens à l’origine de la formation du groupe, ou fidèles musiciens de tournée (Sean Kirkpatrick : batterie – Monte Vallier : basse – John Dettman-Lytle : guitare, chant – Niko Wenner : guitare) joueront sur scène, sans doute pour une dernière fois, des titres issus des quatre premiers albums de la formation (Swell ; Well ; 41 ; Too Many Days Without Thinking).
TH DA FREAK
Depuis quelques années, le jeune bordelais Thoineau Palis s’installe tranquillement mais sûrement sur le devant de la scène indépendante française sous l’alias de TH Da Freak. Régulièrement étiqueté « slacker » par la presse, en référence à son évidente obsession pour les guitares décontractées de Pavement, Superchunk, Sebadoh et autres figures d’un indie rock 90 fantasmé.
L’éclosion de Th Da Freak pourrait faire penser à celle de ses idoles. Car c’est toujours une sorte de miracle quand on y pense, ce moment où un mec “normal” s’empare d’une guitare et devient un super-héros autant capable de nous faire passer de l’autre côté du miroir que de nous accompagner chialer dans notre bière quand nos coeurs se brisent en mille morceaux sur le carrelage glacé de l’âge adulte.
Affûté par la fréquentation des caves bordelaises et les répétitions dans le grenier avec ses frangins, le jeune musicien a profité de ses années de formation pour gobe tout ce qu’il pouvait, de Dylan à Nirvana, du Velvet au garage californien et c’est surtout à cet endroit que le miracle s’est opéré. Loin de ressembler à un digest digne d’une BO de série Netflix ou de playlist boring sur Spotify, sa musique est tombée sur les amateurs de bubble grunge et de punk malin comme la foudre sur l’horloge de Hill Valley. En 2016, The Freak, premier album manifeste sans le vouloir, tape dans l’œil de quelques journalistes et du label Howlin Banana. Depuis ce temps-là, on suit la chevelure bleue de Th et sa troupe de monstres gentils au bout du monde, ou au moins de nos nuits alcoolisées qui n’attendaient que ces petites pépites intemporelles pour oublier un présent pas toujours très chic.
Jusqu’ici fasciné par les geeks cintrés de la pop qui produisent tout en autarcie (de Brian Wilson à R Stevie Moore en passant par Connan Mockasin), Thoineau a collaboré ici pour la première fois avec un producteur, le Bordelais Stéphane Gillet (Sam Fleisch, Pretty Inside). Mais que l’on se rassure : il n’est aucunement question sur ce Coyote d’un album de la maturité, bien au contraire. Prenant pour totem le coquin canin, héros farceur des contes amérindiens, qu’on a connu ici en cartoon malheureux, ce nouveau récit musical est celui d’un artiste qui bouillonne, dévoré par le feu qui l’anime et ses contradictions qu’il accepte enfin d’embrasser. Indomptable, imperturbable et joueur. Un peu puant et attachant aussi.
C’est donc à cette image que résonnent les 11 pistes de Coyote, sautant d’une humeur à l’autre, un disque profondément humain qui titille involontairement le statut d’instant classic. On y navigue entre indie punk classieux, pop songs déchirantes et quelques nouvelles influences qui montrent le bout de leur nez (kraut ou synth rock). Cette nouvelle étape créative confirme le talent de mélodiste du musicien bordelais et une inspiration jamais à bout de souffle. Th Da Freak est de retour !