The Love Movement. Aux origines du hip-hop
13 octobre 2022. Isabelle Nivet
Si on a rencontré Mackenzy Bergile et Inès Mauricio pour parler de « The Love movement », ce n’est pas parce qu’iels s’en font les porte-paroles mais parce qu’on les connait bien, tout simplement. Et c’est avec insistance qu’iels appuient sur le mot « collectif »
Créé au printemps 2022 à Lorient, The Love Movement est une association destinée à « partager une vision, être acteur·rice à part entière, prendre le relais, faire vivre le collectif chacun·e à son tour. Chacun·e doit se positionner, on cherche à être alignés ensemble. En ce moment, il y a Phynox et Filsan à Lorient, Clémentine et Kwame à Rennes, et Enora à Quimper. Ce n’est pas une liste exhaustive. Certain·e·s sont plus initiateur·rice·s à certains moments, mais beaucoup le nourrissent. L’idée c’est de créer un réseau autour de Lorient, avec des gens de Rennes, Nantes, Quimper. Un réseau d’entraide, de partage de connaissances, de moyens de fonctionnement, qui ne soit pas liés aux institutions. On a choisi où mettre notre énergie, et c’est à Lorient. On veut investir culturellement dans la ville. Il y a de la demande».
Au cœur du projet, la culture hip-hop : « L’idée c’est de propager la culture hip hop en général, à Lorient et depuis Lorient. Selon les compétences de chaque membre, cela apporte des approches différentes : DJ, Graff, danse, skate, tatouage, musique ».
Les envolées sonores (une journée danse, musique, expos, friperies, food truck comme un petit village), qui ont eu lieu début septembre dans les jardins de l’Hôtel Gabriel, à Lorient, en sont une des illustrations, dans l’esprit Block party : « Danser ensemble, écouter la même musique, quel que soit son âge, vivre une expérience en commun, tester des choses, apprendre par l’expérience… ».
Mais aussi, en test, des soirées clubbing « Moving, Grooving », avec un DJ, à La Baleine deshydratée, une fois par mois, et pas forcément que du hip-hop : « La constante, c’est d’abord de la musique sur vinyle. Mais l’idée c’est de partager et d’éduquer : on passe aussi la musique qui était là avant, et qui a permis l’émergence du hip-hop. Jazz, disco, musiques du monde, bossa-nova, funk… C’est un voyage sonore à travers les styles et les époques, des musiques dansantes différentes de celles des clubs, qui sont formatées pour des bars avec des attentes spécifiques…
Tout sauf des « cours » de danse
L’idée au long cours de Love Movement, au-delà des évènements, c’est de permettre à tous de rejoindre et expérimenter la danse hip-hop freestyle dans des espaces ouverts, notamment au Parc du Venzu, à Lorient.
La culture hip hop, pour The Love movement, c’est quoi ?
« Historiquement, c’est quelque chose qui a été créé par la frustration : ne pas accepter la discrimination, créer sa propre culture, se souder, se construire ensemble, le moins négativement possible. Ne pas utiliser les armes mais un micro, des mouvements, des danses… Pour Afrika Bambaataa*, quatre mots la résument : Peace, Love, Unity et Having fun. »
* Afrika Bambaataa est un DJ américain, considéré comme l’un des principaux créateurs du mouvement hip-hop et fondateur de la Zulu Nation.
The Love Movement, d’où ça vient ?
C’est le nom d’un album (sorti en 1998) de rap mythique du groupe « A Tribe Called Quest » qui a été une véritable révolution et draine depuis une communauté de fans.
Mackenzy et Inès, un autre regard sur le monde de la danse
On aime leur façon de voir, indépendante et joyeuse, de ces danseur·se·s issu·e·s des cultures urbaines, qui se fondent tout autant dans une battle de rue que sur des scènes aux côtés des danseurs de Boris Charmatz. Extraits d’une conversation à bâtons rompus.
« On a montré nos travaux dans les institutions contemporaines, mais on avait envie d’un retour à la communauté. Et besoin de la culture dont nous venons. Et la vivre ensemble. On a de gros questionnements sur la danse. Ce que nous faisons, est-ce nécessaire ? On est partis un mois au Bénin, ça nous a complètement chamboulé. On ne peut pas revenir en arrière : sur la danse, par exemple, ce ne sont pas les mêmes codes, pas les mêmes raisons. Et là, on a envie de nous émanciper de ces codes, pas envie d’écrire des notes d’intention trois ans à l’avance. On a regardé le jeu, et on n’a pas envie de rentrer dedans, pas envie de se travestir, pas envie de jouer des stratégies. On a juste envie de danser, dans la liberté et la joie. »
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